Au TOP*!

D’après la théorie freudienne (seconde topique, à partir des années 1920), l’appareil psychique se divise en 3 instances : le ça, le moi et le surmoi.

 Schématiquement :

- Le ça : c’est le principe de plaisir, les pulsions, les envies brutes. Je veux une glace, tout de suite !

- Le surmoi : c’est le résultat de notre éducation, des règles et de la morale intériorisées. Il faut faire bien sinon il m’arrivera des bricoles.

- Le moi, au milieu : c’est notre conscience, qui gère comme elle peut avec le principe de réalité, entre les pulsions du ça, les exigences du surmoi et les contraintes du monde extérieur.

 Du surmoi émane l’idéal du moi. L’idéal du moi représente la version idéalisée de soi-même. Ce que j’aimerais être.

 L’idéal du moi est initialement le fruit des projections de nos parents, ce qu’ils idéalisent de nous et pour nous, que nous avons progressivement internalisé**.

 Les ennuis commencent lorsque l’adulte, qui était autrefois un enfant, ne parvient pas à se départir de l’image d’enfant parfait auquel il s’est conformé pour s’assurer l’amour de ses parents. Le drame des enfants trop sages.

 Un adolescent en bonne santé psychique réalise progressivement que ses parents – ses modèles de référence – n’ont pas toujours raison, surtout en ce qui le concerne. Pour affirmer son individualité et s’il en a l’espace, il s’oppose si nécessaire, fait ses propres expériences, se plante, apprend des erreurs qui sont les siennes.

 Je ne suis pas d’accord avec ce que tu projettes sur moi, moi je veux autre chose, même si ça ne te plaît pas.

 

Des vertus de l’échec

 “Échec : Résultat négatif d'une tentative, d'une entreprise, manque de réussite ; défaite, insuccès, revers”***.

 Bien plus qu’”apprendre de nos échecs”, on se construit par l’échec. Échouer c’est oser, tenter, agir, s’engager dans ce qui nous anime. C’est ajuster ses envies à sa réalité quand on ne réussit pas ce qu’on tente.

 En somme, l’échec nous ancre loin du fantasme infantile de perfection.

 Certains adultes sont terrorisés par l’idée de l’échec.

 Pour ne pas échouer, ils se conforment exagérément, maladivement, à ce qu’ils pensent qu’on (les parents, la société, la famille) attend d’eux. Et ne tentent jamais une entreprise qui pourrait mettre en échec les attentes du surmoi. Parce que c’est finalement de cet échec qu’il s’agit. Par crainte de décevoir, de ne pas être à la hauteur ou pire, de ne pas être aimés.

 D’où le perfectionnisme, l’irréprochabilité, l’incapacité à dire non et le manque cruel de confiance en soi quelles que soient les performances****.

 Écrasés par un idéal du moi (l’enfant parfait) et/ou un surmoi (tu dois faire carrière) tyranniques, ils ne savent plus quelles sont leurs envies, enfouies dans les limbes de leur inconscient (ça, où es-tu ?).

 Il se peut que ces personnes n’aient pas pu explorer leurs envies propres, ou s’affirmer, à l’adolescence.

 A moins d’une prise de conscience et d’un travail sur soi, leur situation ne s’améliore pas avec le temps.

 Lorsque le moi (le gars du milieu) n’arrive plus à maintenir un compromis acceptable entre les désirs refoulés (j’aime trop la glace, j’aime trop la glace, j’aime trop la glace !) ***** et les injonctions écrasantes (tu dois être parfait !), le conflit peut devenir insoutenable, et générer une anxiété insupportable, de la colère, de la frustration, de la culpabilité, voire une dépression.

 Fort heureusement, il est à tout moment possible d’effectuer un travail sur soi pour assouplir un perfectionnisme maladif, qui n’est autre que le fruit d’un conformisme pathologique.

 Par exemple, en prenant conscience des fondements d’exigences auto-imposées excessives et en questionnant leur bien-fondé ; et en parallèle, en explorant ses désirs enfouis. L’idée étant de retrouver un fonctionnement psychique plus souple, plus équilibré entre désir et contraintes, et, partant, moins persécutant.

 Être adulte, c’est être capable de faire ses choix et de les assumer. Quitte à se planter, quitte à ne pas plaire à tout le monde. La belle affaire !

* Trouble Obsessionnel de la Perfection

**Les parents se font une image de l’enfant idéal, qui est par définition différent de l’enfant réel.

***https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9chec/27446

****Leur valeur dépendant exclusivement des attentes supposées des autres ou de leur regard.

*****Les désirs refoulés ne disparaissent pas par magie.

 

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Culpabilité : vous en reprendrez bien une louchée !?